Il y aurait un lien, étroit qui plus est, entre l’alimentation et les inégalités sociales en France. C’est en tout cas ce que révèle une étude menée par l’Anses sur un échantillon représentatif de la population, et dont les conclusions ont été interprétées par un panel d’experts en nutrition, épidémiologie, toxicologie et microbiologie. Le tout dresse un portrait pour le moins saisissant de la manière dont l’alimentation reflète les disparités sociales en France. Décryptage !
Les habitudes alimentaires révélatrices d’inégalités sociales
Premier enseignement de l’étude de l’Anses : si les types d’aliments consommés restent similaires, c’est la proportion de ces derniers qui diffère significativement en fonction du milieu social. Chez les adultes, l’étude met en évidence une corrélation positive entre la quantité d’aliments consommés et le niveau d’éducation. Selon le rapport, la ration journalière varie notablement : « 2 864 [grammes par jour] pour un niveau d’études primaire ou collège à plus de 3 061 grammes par jour pour un niveau d’études supérieur au bac ». Les personnes ayant suivi des études supérieures tendent à consommer davantage de fruits et légumes, de fromage, de yaourt et de chocolat. A l’inverse, ceux avec un niveau d’études plus bas privilégient les sodas, la viande (hors volaille) et les pommes de terre.
L’étude observe par ailleurs une similitude chez les mineurs de moins de 10 ans : les habitudes alimentaires sont également corrélées au niveau d’études des parents. Cela dit, cette tendance ne se confirme pas chez les adolescents (11 à 17 ans), où l’alimentation semble moins influencée par le niveau d’éducation des parents, possiblement en raison d’une plus grande autonomie dans leurs choix alimentaires, précise l’Anses. Enfin, l’étude souligne que la profession ou la catégorie socioprofessionnelle des parents n’a qu’une faible influence sur les habitudes alimentaires des enfants, quel que soit leur âge.
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L’alimentation, le parent pauvre de l’éducation
L’étude de l’Anses a clairement établi une corrélation entre le niveau d’éducation et les habitudes alimentaires. Cela ne fait que rappeler le rôle central de l’éducation à l’alimentation, dès le plus jeune âge, un combat mené par le Think Tank Agroalimentaire. Constatant que l’alimentation est aujourd’hui le parent pauvre de l’éducation, ce dernier a publié le « Manifeste pour une éducation à l’alimentation, partout, pour tous », en réponse à l’urgence de mettre en place une véritable éducation à l’alimentation.
Disparités dans la consommation de produits bio et compléments alimentaires
L’étude de l’Anses révèle également un déséquilibre social marqué dans la consommation de produits spécifiques tels que les aliments bio et les compléments alimentaires. En effet, l’analyse montre que les cadres ou les personnes ayant au moins un baccalauréat consomment deux fois plus de produits issus de l’agriculture biologique que les ouvriers ayant un niveau d’études inférieur. Cette tendance se retrouve aussi chez les enfants, influencée par le niveau d’études et la profession des parents.
Concernant les compléments alimentaires, entre 2006-2007 et 2014-2015, leur usage a connu une hausse significative, passant de 12 % à 19 % chez les enfants et de 20 % à 29 % chez les adultes. Le rapport met en lumière que la consommation de ces produits augmente avec le niveau de diplôme, « il est ainsi multiplié par deux entre un niveau d’études primaire ou collège et un niveau d’études supérieur au bac ». L’étude ne manque toutefois pas de rappeler que l’utilisation de compléments alimentaires peut présenter des risques si elle n’est pas accompagnée de conseils médicaux appropriés. La prudence est de mise !
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